La vie fâchée

Avant de lire le prochain paragraphe, va te chercher une tisane à la camomille.

Got it? Okay, here we go.

La nomination de Kavanaugh, le Québec caquiste, la montée de l’extrême droite, Trump, les gens qui ont voté pour Trump, les femmes qui ont voté pour Trump, les racistes, les gens qu’on aime qui sont racistes, l’antiféminisme, les gars qui pensent qu’on ask for it, le mouvement #meetoo recyclé en slogan pour vendre des t-shirts, le réchauffement climatique, les tsunamis, les ouragans, les tremblements de terre, les violeurs qui se positionnent en victimes, les tortues qui meurent étouffées par des pailles, les enfants de deux ans qui passent seuls devant le tribunal d’immigration, l’osti de débat sur le voile, le mansplaining, le fait que Taylor Swift pis Kanye West ont un poids important dans la politique américaine, le trafic humain en Italie pis partout, le slutshaming, les conservateurs en avance dans les sondages au Canada.

Et cetera, et cetera, et cetera.

You get the idea. Le monde va mal en tabarouette. Genre « ma maison est en feu, j’suis embarrée en dedans pis j’porte un suit en papier journal soaked dans du gaz à lighter» mal. Genre «tirer trois fois de suite la tour à l’envers au tarot» mal. (Les vrais savent.)

Mais ça, si t’as un minimum d’empathie, tu le sais.

Si t’es capable de reconnaître un tant soit peu tes privilèges, tu le sais.

Parce que «ne pas s’intéresser à ces affaires-là», c’est un gros privilège.

Imagines-tu être si peu affecté par les phénomènes listés plus haut que t’as l’option de… t’en câlisser?

Te câlisser du sort de la planète parce que «tu seras pu là dans 50 ans».

Te câlisser du racisme, du sexisme, de l’homophobie ou de la transphobie parce que «sont chanceux, c’est bin pire ailleurs».

Te câlisser du féminisme parce que «toi, tu t’es toujours fait traiter en égale par les hommes de ton entourage».

Te câlisser des catastrophes naturelles causées par le réchauffement climatique… sauf si ça affecte la valeur de ton beau condo à Fort Lauderdale.

Faque ouais, si t’as l’once d’un cœur et la moitié d’une tête, tu le sais pertinemment que we’re watching the world burn.  

Comment on fait, alors, pour pas virer fous? Pour vivre, enjoy notre existence, être de bonne humeur, avoir des orgasmes, boire le vendredi soir, mettre des enfants au monde, manger avec appétit notre caccio e peppe?

Comment on trouve un sens à ce qu’on fait si on travaille pas sur la première ligne pour Greenpeace ou Médecins sans frontière?

 

I’m legit asking you.

J’ai pas de réponse.

Je suis épuisée.

 

La seule piste de réflexion que je peux donner, c’est celle-ci : you can’t pour from an empty cup.

 On parle beaucoup de #selfcare ces temps-ci, mais au-delà du masque en feuille à l’aloès, des vidéos ASMR pis du bubble bath, on peut aussi décider, pour le bien de notre santé mentale, de jouer à l’autruche. Juste un peu. Juste des fois.

On peut décider de se débrancher des réseaux sociaux, un brin. De ne pas lire les journaux (ou les blog posts lol) pour une couple de jours. De juste se coller sur notre chien pis notre chum le temps d’un weekend (#goals). D’aller faire le plein de beauté en déménageant dans la ville éternelle sans raison valable. (Am I making this too personal?)

On a le droit.

Parce qu’on pourra pas continuer de lutter, de se choquer, de revendiquer, d’apprendre, de crier plus fort for the people in the back, de se pogner avec les membres de notre famille qui votent conservateur si nos batteries sont à terre.

Faisons-nous attention, okay?

À tous ceux (mais surtout celles) que ça concerne : je vous vois, je vous aime.

Ast’heure, allez faire une sieste. Vous le méritez.

 

 

 

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